Querrien, qui s’étend sur 5.000 hectares, est la première commune de France à s’être engagée dans un “contrat de captation de carbone” dont l’objectif est de contribuer à réduire l’effet de serre en plantant des arbres qui vont absorber le CO2 pendant leur croissance.
Cette initiative a commencé par une histoire d’eau : comme beaucoup d’autres territoires en Bretagne. Querrien est confronté à une mauvaise qualité de l’eau liée aux activités agricoles. Le problème se posait en particulier pour l’un des trois captages situés sur la commune (où les taux de nitrates étaient supérieurs aux 50 mg/l autorisés), ce qui a conduit la collectivité a racheter les terrains aux agriculteurs au fur et à mesure qu’ils se libéraient. 35 hectares (une exploitation entière) ont ainsi été soustraits à l’activité agricole pour être en partie boisés, en résineux mais surtout en chênes, châtaigniers et merisiers.
C’est dans ce contexte que Guy Le Vallégant, conseiller municipal et pépiniériste, a reçu il y a deux ans sur les terres de la commune un forestier irlandais et deux experts gallois venus en voyage d’études dans le cadre des travaux du Cetef, le Centre d’études techniques et économiques forestières du Finistère, auxquels participent Guy Le Vallégant. “Ils ont été impressionnés par la qualité des boisements en Bretagne, raconte ce dernier, car chez eux, on trouve surtout des résineux, considérés comme un produit commercial.”
A la suite de ce voyage, les experts ont repris contact avec le Cetef pour proposer au village de Querrien “un contrat de captation de carbone”, au nom de la société britannique Carbone Neutral qui gère au niveau international des “droits à polluer”.
Elle propose aux industriels de compenser leurs émissions de gaz polluants, dans le cadre des objectifs du protocole de Kyoto, par la subvention de plantation d’arbres. 9.000 tonnes de CO2 vont être stockées “Il a fallu un an pour adapter le droit britannique au droit français. Le contrat comportait au départ des engagements qui n’étaient pas tenables pour nous.”
Ce contrat, finalisé en septembre 2005, s’est traduit au final par une subvention de 19.000 euros* pour la plantation de 25.000 jeunes arbres sur 17 hectares qui, en 100 ans, vont stocker 9.000 tonnes de CO2 (l’équivalent de la consommation de 2.000 voitures pendant sept ans). La commune s’engage à conduire le développement de cette forêt (dont elle reste propriétaire) selon un protocole de gestion durable et à produire à terme du bois d’oeuvre, car le bois de chauffage, en brûlant, rejetterait tout le CO2 dans l’atmosphère. “Le seul risque potentiel que nous prenons dans cet engagement est de devoir rembourser les sommes versées.
Depuis deux ans, les taux de nitrate dans l’eau sur les captages sont redescendus à moins de 30mg/litre. Toutes les communes qui comptent un captage d’eau sur leur territoire seront amenées à protéger les surfaces alentour en les boisant. Il est aussi possible de les mettre en herbe et des les faucher chaque année, mais les arbres pompent les nitrates beaucoup plus en profondeur que l’herbe.
Pour Querrien, ce contrat s’inscrit dans une logique de protection de notre patrimoine paysager et montre, qu’au plus petit niveau, il est possible d’agir pour l’environnement sans attendre.”
* Ces plantations ont par ailleurs été financés à 80% par l’agence de l’eau et par des subventions européennes négociées par la Ddaf (direction départementale de l’agriculture et de la forêt).