A 25 km de la mer, QUERRIEN demeure l’une de ces communes rurales où il fait encore bon vivre. Sur ses 5.400 ha, les 1800 Querriennois qui vivent essentiellement de l’agriculture, ont su concilier harmonieusement progrès et qualité de la vie. C’est ainsi qu’ayant su sauvegarder son environnement naturel, son sens de l’accueil, la commune reçoit chaque été de nombreux estivants en quête de tranquillité, de calme propice au repos.
Toponymie
Son nom breton est Kerien, prononcé /ˈkɛʁjən/.
Le toponyme Querrien est un éponyme de Kerien, un ermite qui vécut en Armorique au Ve siècle et qui fut un compagnon de route de Saint Ké-Collédoc. Il aurait élu domicile plusieurs années à Cléder et serait décédé en 490. Les plus anciennes graphies du nom de la commune connues sont Karian vers 1330 et Keryan en 1368. Querrien était à l’origine sous le patronage de Saint Kerien mais un prêtre dénommé Étienne Pegasse fut investi recteur de la paroisse en 1687 et il lui substitua Saint-Chéron, martyr de Chartres mais inconnu en Bretagne. Saint Chéron est toujours officiellement le titulaire de la paroisse mais dans les faits c’est saint Kerien qui a la prééminence dans l’église.
Histoire
Période celte
Une stèle gauloise en granite haute de 1 mètre 10 trouvé dans les environs du manoir de Kervagat date de cette période.
Période Gallo-Romaine
Différents vestiges antiques témoignent d’un habitat épars. Des tegulae (tuiles à rebords) ont notamment été trouvés au Bourg, à la Villeneuve Troadec et à Guelvez ainsi que de la céramique romaine également au Bourg et à Kerforner. La présence de cet habitat au bourg et à Guelvez peut s’expliquer par le passage de la voie romaine reliant Vorgium (Carhaix-Plouguer) à Quimperlé dans ces localités.
Moyen âge
Querrien semble être un ancien démembrement de la paroisse gallo-romaine de Niulac ou Yuliac (de Yulacum ou domaine de Jules) qui englobait les territoires actuels des communes de Querrien, Saint–Thurien, Locunolé et Tréméven. La paroisse, en raison de son étendue, était organisée en 6 frairies : Le Bourg, Lehec, Combout, Coatguennou, Pauquis et Coatrouman.
Seigneuries et manoirs
La plus grande partie des terres de Querrien étaient du fief de Quimerch, une puissante seigneurie érigée en baronnie par le duc Jean V, dont le siège était situé dans la paroisse voisine de Bannalec. Une partie du bourg ainsi que quelques villages (L’Île à Vent, Le Moustoir, Catelouarn, Kernec, Kergariou, Le Combout) étaient du fief de La Roche-Moysan, une seigneurie dont le siège était situé à Arzano et qui appartenait à la famille des Rohans. Au XVIe siècle, neuf manoirs étaient attestés sur le territoire actuel de Querrien: Combout, Leznec, Kerguyomarc’h, Penquelen, Lehec, Moguel, Luhedec, Coatourman et Kervagat.
XVIe SIÈCLE
À la montre général de l’évêché de Cornouailles fait à Quimper les 15 et 16 du mois de mai 1562 figurent pour les nobles de Querrien: Olivier du Cambout, décédé, Jehan du Cambout son fils mineur et héritier dudict lieu, presant par Jehan de Boysidel, dict faire archer. Guillaume du Cambout, S.r de Kerguymarch, presant par Olivier du Cambout son frère, dict faire arquebusier à cheval. Raoul Moëlan, presant, dict estre sous l’esdict. Jehan de Toutenoultre, deffault. Charles Kervechan, sieur du Sparl, idem. Louis Pommerit, idem. Jehan Jabin, idem. Pierre Roserc’h, sieur de Keranjar, présent, dict estre sous l’esdict. Louis de Kermorial, presant par Guiomar de Tréanna son gendre, dict estre sous l’esdict.
La paroisse de Querrien ne semble pas avoir été épargné par les troubles de la guerre de la Ligue. Un moulin à vent, situé au lieu-dit de L’Île à Vent, est dit « chomant à cause de la furie du temps.» en 1592 et « à cause de l’injure du temps.» en 1593.
XVIIIe SIÈCLE
Les paroissiens de Querrien étaient soumis à la corvée au grand chemin. Ils devaient entretenir 18 jours par an, avec les paroissiens de Saint-Thurien, la portion de la voie royale (voie reliant Quimperlé à Quimper) comprise entre le Bourg de Mellac et le village de Léty en Bannalec[.
Entre le 30 juillet 1720 et le 20 octobre 1721 des scènes d’émeute éclatent au cours des cérémonies religieuses car les habitants s’opposent à l’application par le recteur d’un arrêté interdisant l’inhumation des morts dans les églises.
En octobre 1790, le maire de Querrien est Le Gallic, le procureur de la commune s’appelle Le Nadam [sic] et les fonctions de greffier sont assurées par Le Rumain (un notaire de ce nom exerce à Querrien à cette époque).
Querrien n’échappa pas aux évènements tragiques qui ternissent la période révolutionnaire. En 1795, comme personne à Querrien, en raison de la menace chouanne, ne voulait exercer de fonctions municipales, l’administration de la commune dépendit du District de Quimperlé : Gourlaouen fut nommé commissaire pour Querrien. Il échappa une première fois à la mort ; sa présence à Saint-Thurien le sauva alors. Mais, dans la nuit du 3 au 4 octobre 1795, après avoir cerné Gourlaouen, commissaire de la commune de Querrien, dans sa maison au bourg puis bu son vin, les chouans l’entraînèrent auprès de l’arbre de la liberté qu’on lui demanda de couper. Au moment où il le faisait, ils lui fendirent le crâne et l’assassinèrent de deux coups de fusils. Son corps, dont personne n’osait s’approcher, fut chargé des tronçons de l’arbre abattu.
Jacques Cambry (président du District de Quimperlé puis du Département du Finistère), dans son Voyage dans le Finistère…, a écrit quelques lignes sur Querrien de cette époque : « Quérien donne beaucoup de cidre mais d’une qualité médiocre » ; et : « Quérien, placé sur une hauteur, domine sur des terres bien cultivées, sur des prairies fécondes ; on y trouve beaucoup de landes ».
Notons également qu’avant la révolution, QUERRIEN connut une véritable floraison de châteaux et de chapelles, presque tous disparus actuellement. Citons les châteaux de COATOURMAN du COMBOUT, de KERGUYOMAR, de KERVAGAT, de LEHEC, de LUHEDEC, de MOGUEL, de PENQUELEN, noms que l’on retrouve dans les archives paroissiales, au chapitre des naissances. Parmi les chapelles, celle de NOTRE-DAME de la CLARTE ( voir rubrique patrimoine ) est toujours en service. Celle de KERGUYOMAR et la Chapelle NEUVE ont été transférées et reconstruites au bourg (Chapelle St Joseph 1896) ou à Belle Fontaine ( Chapelle Ste Anne 1949). Enfin l’église paroissiale reconstruite à l’emplacement de l’ancien édifice au 18ème siècle, a toujours fière allure ( voir rubrique patrimoine).
Description de la commune dans le dictionnaire d’OGEE DE dans sa version de 1846
“QUERRIEN ou mieux KERIEN; commune formée de l’ancienne paroisse de ce chef lieu de perception; aujourd’hui succursale.
Principaux villages : Kerforner, Lézellet, Coa…, Kernec, Kervranguen, Keresquern, Pennanprat, Caros, Montgarriou, Kerdudan, Kerscolier, Manoir de Moguel
Superficie totale : 6474 hectares dont les principales divisions sont :
Terres labourées : 2516 ha, prés et paturages : 580 ha, bois 391 ha, landes et incultes : … Propriétés baties : 26 ha, contenu non imp. 205 ha,…
15 moulins : de Moguel, de Kerlévéné, Donic, Mouhot, Neuf, Kerguiomarc’h, Renroux, à eau
Outre l’église paroissiale, il y a en Kerrien les chapelles de Notre Dame de Clarté, Notre Dame de Bonne Nouvelle et de Sainte Gertrude.
Cambry cite une horrible action qui souilla, dans la révolution le bourg de Querrien. Un habitant de cette commune, Gourlaouen, avait accepté des autorités républicaines la périlleuse mission de guider ses concitoyens dans la voie nouvelle : il était à Querrien tout à la fois instituteur, greffier, municipal. Un jour, la commune s’insurgea contre lui : le malheureux trainé sur la place publique fut forcé d’abattre de ses mains l’arbre de liberté qu’il avait élevé, puis de cet arbre et de son corps coupé par morceaux, on fit un horrible trophée !
La route de Quimperlé au Faouët traverse la commune de Querrien du Sud au Nord
Géologie : constitution granitique
A Querrien on y parle breton.
XIXe SIÈCLE
Au début du XIXe siècle les landes couvrent 2758 hectares soit 43 % des terres de la commune contre 2 516 hectares pour les surfaces sous labour, 580 hectares les pâturages et 391 hectares les bois.
En 1857 la commune de Querrien est amputée de 20 villages au profit de sa voisine Locunolé qui vient nouvellement d’être rattachée au Finistère. La superficie de la commune passe ainsi de 6474 hectares à 5401 hectares.
Entre septembre et décembre 1870 une épidémie de variole fait 199 victimes dans la commune.
XXe SIÈCLE
Les querelles liées à la laïcité
Le 9 janvier 1903, Tanneau, curé de Querrien, fait partie des 31 prêtres du diocèse de Quimper dont les traitements sont retenus par décision du gouvernement Combes « tant qu’ils ne feront pas emploi de la langue française dans leurs instructions et l’enseignement du catéchisme » car ils utilisaient le breton.
Le journal La Croix du 3 janvier 1904 annonce la fermeture de l’école congréganiste de Querrien, qui était tenue antérieurement par les Filles de Jésus, sur décision du gouvernement d’Émile Combes[.
La première guerre mondiale
1914-1918 : Querrien paie un lourd tribut avec 158 combattants “morts pour la France” dont dix dans les dix premiers jours de l’attaque allemande.
La seconde guerre mondiale
Le 11 juillet 1944, six résistants, dont un militaire resté inconnu, sont fusillés près du village de Kerstang-Combout après avoir été extraits de l’école Sainte-Barbe du Faouët où siège un tribunal militaire allemand.
Le 29 juillet 1944, un drame se produisit à Kerbozec entre un groupe de résistants et la Feldgendarmerie allemande. Un major britannique du Special Air Service, Colin Ogden-Smith, et Maurice Miodon, un sergent français SAS y trouvèrent la mort ainsi qu’un civil, un fermier qui fut tué d’un coup de baïonnette dans le dos par les Allemands. Il y eut plusieurs témoins visuels à cette tragédie. Un couple de collaborateurs a été exécuté un peu plus tard pour avoir dénoncé les maquisards à la Feldgendarmerie de Quimperlé
ARMOIRIES DE QUERRIEN
1 – Description :
De sinople à un épi de blé d’or accosté de deux pals ondés d’argent au chef du même à la croix celtique de sinople mouvant à la partition accosté de deux mouchetures d’hermines de sable.
2 – Symbolique :
- Le champ de sinople (vert) et l’épi de blé évoque la campagne verdoyante et l’agriculture prépondérante dans la commune.
- Les ondes rappellent la position de Querrien entre les deux rivières poissonneuses : l’Isole et l’Ellé » Elles peuvent évoquer aussi les nombreuses sources et fontaines.
- Le chef de l’écu (partie supérieure) traduit la légende selon laquelle un moine irlandais St. Kerien, au 5ème siècle, vint évangéliser la région et y fonder une communauté, la croix celtique plantée sur la terre bretonne, celle-ci symbolisée par les deux hermines noires.
La partition chef/champ peut aussi évoquer le plateau géographique de Querrien.
MONOGRAPHIE SUR LA COMMUNE DE QUERRIEN
Sous la plume de Marcel Cado, voici vingt siècles d’histoire locale des temps reculés, de l’époque gauloise à l’émergence de la paroisse, puis de la commune telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Les récentes prospections et la découverte de nouveaux sites archéologiques relatifs au moyen Age et à des périodes antérieures nous confirment que ce travail ne peut être exhaustif.
Les périodes les plus récentes sont les plus richement documentées. Ainsi l’auteur nous révèle en détail, à travers un contexte plus vaste, le processus d’émergence de l’administration locale et ses concrétisations au niveau de la collectivité.
Ce superbe livre est en vente à la mairie.
QUERRIEN ET SON TERROIR
Après le succès remporté en 1998 par l’édition de la monographie sur la commune de Querrien, Marcel CADO, maire honoraire, a poursuivi ses recherches historiques afin de nous dévoiler un peu le passé de ce territoire auquel nous sommes trés attachés.
Marcel Cado comme en 1998 a fait gracieusement don de ce travail de recherche au CCAS de la commune.
LISTE DES MAIRES DEPUIS 1789 :
Période | Maire de Querrien |
Élu le 22 mars 2019 | M. Stéphane CADO |
Elu le 30 mars 2014 | M. Jean-Paul LAFITTE |
Elu le 18 juin 1995 | M. Marcel MOYSAN |
Élu le 27 mars 1977 | M. Marcel CADO |
Élu le 21 mars 1965 | M. Pierre KERBIQUET |
Élu le 10 mai 1953 | M. François CADIC |
Élu le 18 mai 1945 | M. François HERLÉDAN |
Élu le 12 novembre 1944 | M. Louis HUON |
Élu le 19 mai 1935 | M. Alexis RANNOU |
Élu le 30 novembre 1919 | M. François CADIC |
Élu le 3 mai 1908 | M. Yves LE GALLIC |
Élu le 1 septembre 1906 | M. Alain LE FLÉCHER |
Élu le 8 septembre 1904 | M. François DIFFON |
Élu le 17 mai 1896 | M. Alain LE FLÉCHER |
Élu le 15 mai 1892 | M. Lucas PILORGÉ |
Élu le 17 mai 1885 | M. Jean PUSTOCH |
Élu en 1882 | M. Guillaume LE GALLIC |
Élu en août 1872 | M. Guillaume LE GALLIC |
Élu en 1865 | M. Louis LE FLÉCHER |
Du 11 août 1852 à 1865 | M. Valentin DANIEL |
Élu le 26 juillet 1850 | M. François LE GALLIC |
Élu le 17 octobre 1848 | M. François CADIC |
Élu le 30 juillet 1845 | M. Pierre CADIC |
Élu le 5 novembre 1843 | M. René DANIEL |
Du 1 juillet 1827 au 27 décembre 1842 | M. Louis LE FLÉCHER |
Du 18 février 1821 au 1 juillet 1827 | M. Guillaume LE FLÉCHER |
De 1812 à 1821 | M. René DANIEL |
De 1800 à 1811 | M. Jean CADIOU |
De 1799 à 1800 | M. Jean CADIOU |
De 1798 à 1799 | M. Thomas BUQUEN |
De 1796 à 1797 | M. Louis BENOIT |
De 1794 au 30 mars 1796 | M. Mathurin LADAN |
De 1789 au 22 août 1794 | M. Mathurin LADAN |
RÉFÉRENCES
- ↑ Marcel Kervran, Bannalec à travers les âges, Imprimerie régionale de Bannalec, 1986,
- ↑ Archives départementales du Finistère : 10 L 59 : […] Tableau des noms des maires […] du District de Quimperlé : 7 octobre 1790.
- ↑ Jacques Cambry, Voyage dans le Finistère, ou État de ce département en 1794 et 1795 [archive], Tome troisième, page 115, librairie du Cercle social, Paris, 1798
- ↑ ibib. page 116 [archive]
- ↑ En vertu du Concordat, les prêtres étaient alors payés par l’État
- ↑ Journal La Croix no 6064 du 18 et 19 janvier 1903, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2199243/f1.image.r=Pouldreuzic.langFR [archive]
- ↑ Journal La Croix no 6360 du 3 janvier 1904, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k220217g/f3.image.r=Clohars%20Fouesnant.langFR [archive]
- ↑ a et b Site de la commune de Querrien [archive]
- ↑ Association Mémoire du canton du Faouët, 39-45 en Centre-Bretagne, tome IV, p. 90 Éditions Liv éditions, Le Faouët, (ISBN 2844970966)
- ↑ Rapport du sergent Dallow cité dans Eric Rondel, Les Américains en Bretagne 1944-1945 (pages 94, 96 et 98), Éditions Astoure, 2008 (ISBN 978-2-84583-194-0)
- ↑ L’organisation du recensement [archive], sur le site de l’Insee.
- ↑ Calendrier départemental des recensements [archive], sur le site de l’Insee [archive]
- ↑ Des villages de Cassini aux communes d’aujourd’hui [archive] sur le site de l’École des hautes études en sciences sociales.
- ↑ Fiches Insee – Populations légales de la commune pour les années 2006 [archive]2007 [archive] 2008 [archive] 2009 [archive] 2010 [archive] 2011 [archive]2012 [archive]2013 [archive]2014 [archive] .
- ↑ http://www.opab-oplb.org/98-kelenn.htm [archive]